Les fragments limbourgeois, nous y voici...tatam, tatam, roulez
tambours, sonnez trompettes!
Toute ma vie, je me suis refusé aux anecdotes, aux petites histoires de concierges, avec ou sans gaudriole, les cancans de madame Pipelette ne m'ont jamais passionné. J'ai donc été tout à tour muet et secret côté cour et un peu plus disert côté jardin. Donc, peu ou prou de jeux de mots, la fiente de l'esprit hugolien, une horreur des blagues paillardes. J'ai bel et bien observé avec un certain détachement amusé que les gens issus d'une tradition laïque et accessoirement membres de la loge, adoraient les blagues à connotation sexuelle plus ou moins phallocrates et souvent désobligeantes pour la gens féminine, et détestaient la scatologie, et tout ce qui tournait autour de l'anus, tels les prouts, pets et autres vesses de carnivores, alors que les "cathos"inversaient leur préférence et ne tarissaient pas en matière d'historiettes d'ailleurs fort orientées sur les odeurs en provenance du réseau intestinal. Mais bon, le champ couvert était large et il débordait facilement sur les matières fécales qui ne manquaient pas d'effet auprès de ces braves gens qui ne manquaient jamais de se tordre de rire et encore plus si quelque dame dans l'assemblée affichait un air pincé.
Mais bon, revenons-en au petit singe et au collège Saint Joseph à Beringen. Les gens qui me sont proches savent que j'ai passé, entre l'âge de 11 et 14 ans quelques années difficiles dans cette détestable institution d'une religiosité féroce. En fait, alors même que mon brave et ignorant papa estimait qu'il me fallait me frotter au populo local et suivre démocratiquement un enseignement religieux en flamand plutôt que d'être un de ces petits francophones prétentieux et plus ou moins laïque élevé dans je ne sais quelle ville de perdition, Bruxelles ou Liège par exemple. Et il y allait d'un petit couplet sur le bilinguisme précoce, merveilleux outil de développement pour un cerveau devant s'exprimer en français à la maison et en flamand à l'école. Le pauvre, il n'a jamais compris que comme massacre à la tronçonneuse du bagage conceptuel, il n'y a pas mieux. Et d'être étonné quand je lui disais par la suite que cette merveilleuse langue, le flamand, me servait uniquement pour commander la viande chez le boucher. En fait, du point de vue langue et poésie, le résultat fut mauvais, je n'arrivais plus à maîtriser aucune de ces langues. Et donc, des pans entiers de la poésie m'ont glissé d'entre les doigts et toute ma vie, je l'ai passé à essayé de récupérer ces morceaux d'univers que -bien involontairement- l'on m'avait fait glisser hors des mains. Il y a bien ces deux cultures qui me sont restées, ainsi qu'un grand souci du vocabulaire, qui m'est resté. Et donc, je suis devenu quelqu'un qui n'est ni à l'aise, ni accepté par aucune de ces deux communautés, et qui s'est marginalisé, nihil volens. Après tant d'années, j'y vois enfin du profit, et je peux remercier mon père pour des raisons totalement opposées à son noble dessein. Je suis un marginal, un drop out qui peut reconquérir des mondes perdus et justement se plonger du matin au soir dans les arts plastiques, dans la création actuelle, dans l'art actuel, tous domaines qui étaient abominés par mon milieu d'origine. Dois-je vous raconter les voyages en voiture, les programmes radio de musique contemporaine qu'on coupait brutalement en s'esclaffant bruyamment?
Donc, me voilà débarqué à la fin des années 50, juste après l'exposition universelle de 1958 à Bruxelles- après avoir été chouchouté et dorloté pendant 5 années, le cycle primaire, dans une école privée francophone dont l'effectif culminait à 6 élèves, merci mademoiselle Maufort, alias Crottebolle, brave Picarde d'un catholicisme plus généreux qu'il n'y paraissait. Pourtant, je n'étais, déjà, pas trop commode et j'ai passé quelques semaines au coin avec des recommandations diverses dont une qui résonne encore : "Jooosé, il faut châtier votre langage".
Puis le collège , c'est l'horreur, le flamand, les culs terreux, les nouveaux bourgeois, 2 ou 3 curés pédophiles en pleine activité, avec petit mignon et tout et tout.
Et tout ce petit monde se la joue bien convenable, élitaire à la petite semaine et, ma foi, l'on ne compte finalement que quelques troufignons de gosse mis à contribution, ça n'est pas Sodome et Gomorrhe pour autant.
Bien des années plus tard, j'ai tantôt 60 ans, je crois pouvoir raconter tout ceci publiquement, et même sombrer dans l'anecdote navrante, alors que - à l'époque et pendant longtemps- je n'arrivais à en parler à personne. Donc, dans ce collège cauchemardesque, je suis devenu un révolté, je n'ai pas chercher à alarmer mon père ou qui que ce soit, j'ai fait face tout seul du haut de mes 12 ans et j'ai fait un barouf d'enfer, provoquant chahuts sur chahuts, écopant de retenues dominicales dignes du Guinness Book, me faisant rosser par l'un ou l'autre prêtre excédé, mais je n'ai pas lâché prise, jusqu'à ce que mon père ne soit convoqué dans le bureau du directeur. Las, ce fût très certainement un morceau de bravoure sémantique digne des plus grosses inversions de sens de l'histoire pédagogique, pas trop loin de "Arbeit macht Frei".
Bref mon pauvre papa, néanmoins petit notable local, eût droit à un petit discours circonstancié pour s'entendre dire que l'institution n'avait pas voulu me renvoyer pour éviter un déshonneur à la famille, mais que l'année scolaire étant écoulée, mon père devait trouver une autre solution pour la prochaine rentrée, puisque j'étais persona non grata. Et, là ne riez pas, il y avait une raison officielles, majeure, technique et irréfutable pour laquelle il ne pouvait plus être question que je revienne à la prochaine rentrée. En collectionnant les retenues, punitions, châtiments corporels et autres engueulades plus ou moins bien enlevées, en m'en foutant ouvertement comme de colin tampon, provoquant même le rire collectif des élèves réunis solennellement chaque semaine pour entendre les châtiments tombés sur les plus cancres d'entre eux, les rires m'étaient destinés moi qui était un abonné chronique aux retenues les plus lourdes, bref, je discréditais tout le système discipline, menaçait donc la sacro-sainte discipline et tout l'édifice pédagogique. J'étais devenu une menace vivante pour la pyramide disciplinaire du collège. Donc, malgré tout le respect du à mon père, il n'était plus question que cette petite guérilla disciplinaire ne se poursuive. Plus tard, mon père devait découvrir que j'étais devenu tricard dans tout le réseau des écoles catholiques et il dut bien se résigner à m'envoyer chez les libres-penseurs, mais ceci est un autre histoire.
Retenons simplement que je m'étais construit un système de défense qui valait ce qu'il valait, devenir tellement effrayant en matière de "noise power" qu'il était évident que quiconque songerait, ne fût-ce qu'un instant, à me toucher se verrait exposer à un déchaînement sans nom. Piètre système de défense, certes puisque jamais, je n'ai averti les autorités compétentes, ni familiale, ni fraternelle. J'ai appliqué, avant la lettre, le précepte maoïste: " Camarades, il faut compter sur notre force". Donc, ni recours à la justice bourgeoise, ni constitution d'alliances etc...
Tout cela m'a suivi durant toute ma vie, et à présent que même sur la scène artistique je suis de plus en plus isolé (ce serait inexact de soutenir que je naviguais de succès en succès, mais enfin, l'un ou l'autre mécène, l'un ou l'autre marchand me faisaient la grâce d'y aller de leurs deniers pour encourager mon travail), je vais donc consacré quelques pièces à des éléments autobiographiques consacrés à ma "petite" histoire. C'est étrange que je puisse à présent concilier un travail typé comme abstrait depuis des lustres où le conceptuel le dispute à l'abstraction la plus construite, avec de significatives incursion dans le lyrisme et la matière, certes, mais jamais au grand jamais, d'efforts significatifs pour représenter la Chose, ni pour faire de la représentation plastique. En y réfléchissant, j'ai fermé le livre de la représentation il y a tantôt quarante ans sur une série de dessins intimes, eux-mêmes précédé d'une petite peinture sur verre représentant un énorme fauteuil vert, vide, et deux silhouettes féminines, nues, debout, sans visage, entourant le fauteuil de part et d'autre, qui le bras droit, qui le bras gauche posé sur le dossier. Et naguère j'ai commis des travaux digitaux, sporadiques, que je cite pour mémoire. Un montage sur le visage de ma fille Morgane intitulé "You can't divorce from your children, can't you?", puis des photos sous-titrées dont l’Homme qui pleure, The Ego in the Frigo et enfin "J'ai retrouvé la trace de Dotremont", des scories d'un séjour en Suède et d'un périple en Laponie entre novembre 2005 et août 2006. Ah oui, il existe aussi un petit montage de 4 photos jamais diffusées présentant des visages de femmes pendant l'orgasme, ou juste après, montage intitulé"Vous avez dit tendresse". Bref, par rapport aux centaines de peinture, frottages, collages, et autres travaux abstraits, la représentation et le "film à thèse", ça n'était pas vraiment mon truc.
Qu'à cela ne tienne, puisque aujourd’hui, il me semble que le temps de l'anecdote et de la représentation est venu, allons-y. Assez curieusement, il semble que le genre "ouvrage à thèse" soit arriver également, puisque certaine série que je prépare, je pense en particulier aux Emplafonnements", sont manifestement des illustrations de démarches proches des sciences cognitives, à savoir la découverte de nouveaux champs d'investigation visuels pour le cerveau, démarche ultra simple, organisée sur des zones banales, les coins, recoins, angles de pièce etc… dans ce qu'elles peuvent illustrer l'organisation systématique du balayage du regard, et partant de la conceptualisation, du cerveau, de nos cerveaux, à propos de l'espace. A l'inverse, et c'est le propos, on peut déranger les routines cognitives et situer l'intérêt, le diriger donc, vers des zones inexplorées ou relativement inexplorées. Un grand discours pour trois fois rien, mais au moins, il me libère tout autant que ces bribes du passé que je n'avais pas digérer.
Pour en revenir aux curetons pédophiles, j'ai rencontré 30 ans après, un autre pensionnaire qui s'est trouvé confronter à la même problématique et je lui ai donc demandé comment lui s'était protégé? C'est donc le seul témoignage d'adulte que j'ai recueilli et je ne sais rien des séquelles que portent secrètement d'autres hommes adultes, encore moins ce que sont devenus les mignons attitrés, ceux qui sont passés à la casserole, ceux que l'on voyait discrètement filer à l'heure de la récréation pour satisfaire aux demandes pressantes de leur "protecteur".
Et bien, Toon, le courageux Toon, semble avoir été sélectionné et pressenti pour devenir un mignon attitré et il avait été invité à rejoindre la chambrée d'un de ces braves curés au prétexte d'y parcourir la bibliothèque du sinistre individu. Vous me direz quel drôle d'appât que voilà! Soit, voilà notre Toon qui se retrouve sur le lit de son bonhomme, qui, sans plus tarder, se met en tête de l'embrasser. Ni une, ni deux, Toon de s'enfuir et de se précipiter chez le directeur de l'école, la plus haute autorité du lieu. Une démarche bien différente de la mienne, mais au moins aussi stérile. Là où j'ai développé une espèce de méfiance et allergie fondamentales envers toute autorité, toute forme d'injonction et de prescription, me basant sur l'idée que ce sont le cul et l'écu qui font tourner le monde, et que tout expert, tout mandataire n'a d'autre souci que d'installer et préserver sa position pour accéder facilement au cul ou à l'écu ( jusqu'y compris les acteurs du marché de l'art, critiques y compris), et bien le courageux petit bonhomme de Toon a demandé l'intervention de l'autorité compétente, cherchant réparation.
Devinez ce qu'il advient, il eut droit à un petit exposé dopé à la componction et à l'hypocrisie dont la substance était qu'il fallait comprendre que Toon avait raison de manifester son malaise, bien entendu, mais que ce n'était pas souhaitable d'alerter l'évêché pour si peu, et donc qu'il fallait laisser au directeur le soin de régler ces choses en interne. Merci mon petit Toon, tu peux disposer. Je n'irais pas jusqu'à dire que l'activité sexuelle et pédophile de nos curés en ait été décuplée, mais je crois pouvoir affirmer qu'elle ne s'est en rien atténuée.
Même si je n'avais pas vraiment de quoi mesurer l'évolution des choses, quand je suis arrivé dans le baisodrôme religieux, après l'incident rapporté par Toon, il était clair que tout cela continuait au vu et au su de tout le monde. Et Toon et moi quelles séquelles, puisque nous avons eu la chance de ne pas passer à la casserole. Et bien Toon, a connu quelque chose comme 500 aventures féminines, avant, la cinquantaine venue, de se trouver une aimable épouse, de lui faire des enfants, somme toute après avoir pris le temps d'affirmer incontestablement sa virilité hétérosexuelle. Quant à moi, je suis devenu plus ou moins asocial, naviguant autour et alentour de l'anarchisme, plutôt tendance Groucho. J'ai tout de même participé cagoulé à quelques émeutes et même affiché publiquement quelque soutien à la Rote Armee Fraktion, alias la bande à Baader. On trouvera d'ailleurs dans les "Fragments Limbourgeois" d'autres traces visibles, une sorte de réarrangement du passé, du temps, dans les années 70 où la sûreté de l'état, en fait les Brigades Spéciales de Recherches interrogeaient mon père sur mes activités insurrectionnelles autour et alentour des grèves des mineurs limbourgeois. A l'époque, l'un des slogans étaient "De Generale moet kapot" et visaient donc le pilier conservateur du monde financier belge, enfin, je ne sache pas qu'il y ait jamais eu un pôle financier progressiste, mais, disons, que la Générale de Banque, héritière de l'Orangisme et portée aussi bien par l'establishment belge que par la famille royale, pouvait être considérée comme un acteur ultraconservateur d'une Belgique elle-même confinée jusqu'au suicidaire, ignorante même de ce que pouvait bien signifier une notion telle celle d'ascenseur social. Il va sans dire qu'aucune grève ni mouvement social quelconque n'a eu raison de la Générale, Après une tentative de Benedetti et de son compère le cuistre Alain Minc, la Générale n'a même pas vraiment implosé, non, elle n'a pas atteint ce stade de décrépitude capitalistique, même pas. Elle est "morte" plus tôt puisque plombée par un management limite débile elle devint une proie facile pour le capitalisme français, Suez oblige.
Bref, je fus un révolté, mais un petit Jules Vallès d'un petit pays que j'ai fini par fuir en demandant l'asile esthétique dans un grand pays voisin, un peu moins vérolé, un peu moins vermoulu, quoique.
Et, voici venu le temps de dire les choses, de les représenter, de façon explicite, puisque j'en viens à croiser l'écrit, la langue et l'image. Après avoir hésité tant et plus sur la pertinence de la chose. Après avoir cherché un chemin dans l'écriture, puis dans les arts plastiques, me voilà à croiser les genres, à l'heure où l'Allemagne s'interroge de savoir s'il faut libérer et donc pardonner aux deux derniers membres de la RAF encore emprisonnés, alors que ni Kristian Klaar, ni Brigitte Margret Ida Mohnhaupt n'ont jamais manifesté le moindre remords, vous vous rendez compte.
Ouf, je n'ai pas pris les armes, juste quelques pavés, juste quelques coups de gueule et de plumes pour dénoncer les cornichons qui, sans quitter leur bocal, se sont transformés en tomates.
Adoncques, voici venir le temps des petits singes en peluche, un rien dérisoires, un rien obsolètes, bien loin de la lutte armée.
Encore un mot et une anecdote sur les circonstances de la trouvaille du singe. C'était une sombre nuit dans le Schleswig-Holstein, dans un bois à la lisière de Bad- Schwartau, petite ville collée à Lübeck, voui, voui, voui, nous sommes en terre hanséatique, la chère Baltique est là et l'ombre de Thomas Mann plane sur le décor. Là donc, ma compagne et moi-même avions roulé pendant 30 heures d'affilée pour faire un aller retour Amiens -Malmö et vider mon atelier suédois. Bref, au retour, une fois en Allemagne, nous avons cherché un hôtel, et, après 5 tentatives, nous avons trouvé notre bonheur dans un Waldhotel absolument convaincant qui, comme son nom l'indique, se trouvait à la lisière d'une forêt. Et là, au bord du chemin d'accès, dans les buissons, une forme blanchâtre surgit dans le rayon des phares. Une poupée ou peluche, ours ou singe, je pense tout de suite à une forme intimiste de land art. Dès le lendemain, le jour venu, je pars en quête du mystérieux objet, alors que ma compagne me recommande bien de ne pas y attacher et de respecter l'état des choses qu'elles soient fortuites et accidentelles ou non. Bon, je ne sais toujours pas s'il y avait la moindre intentionnalité -aïe le jargon des science cognitives qui revient - mais toujours est-il qu'un singe jaune aux petites bottes enfantines était là, accroché de dos, légèrement incliné vers la gauche de façon à présenter une partie de son visage. J'avais trouvé quelque chose pour illustrer de façon générale ce que peut être la misère sexuelle d'un enfant. Donc, passant outre une fois de plus aux recommandations de ma compagne, j'ai décroché le singe et il est à présent suspendu dans mon atelier, tel qu'on le voit de face sur l'une des photos. Bien sûr, il est sympa de face, et, malheureusement, je n'ai droit qu'à une version. Ne connaissant pas le fabricant de ces peluches tellement appropriées, je dois renoncer à en faire une ou plusieurs séries. Et comme l'idée d'un moulage me répugne, il reste alors à fixer une mise en scène unique. Je me propose de "crucifier" le petit singe de dos, légèrement de biais pour dévoiler une partie de la face et d'organiser ce biaisage par le recours à quatre support de bois de profondeur inégales qui fixés a hauteur des bottes et des mains serait transpercés par de grosses vis tire-fonds à tête carrée. Je n'aurai pas l'imbécillité de représenter des gouttes de sang. Non le dispositif sera arrimé sur une planche blanche elle-même sertie dans un cadre blanc, ressortant un tant soit peu pour faire boîte. Je peindrai le tout en blanc, y compris la peluche, sauf les bottines/chaussons qui resteront dans l'état. Et cela se fera à la brosse, le pistolet étant trop compliqué à manier, surtout s'il convient d'essayer d'abord de préserver l'état des bottes puisque aussi bien, je me méfie de la friskette et des "déchirures" qu'elle organise aux marges.
Toute ma vie, je me suis refusé aux anecdotes, aux petites histoires de concierges, avec ou sans gaudriole, les cancans de madame Pipelette ne m'ont jamais passionné. J'ai donc été tout à tour muet et secret côté cour et un peu plus disert côté jardin. Donc, peu ou prou de jeux de mots, la fiente de l'esprit hugolien, une horreur des blagues paillardes. J'ai bel et bien observé avec un certain détachement amusé que les gens issus d'une tradition laïque et accessoirement membres de la loge, adoraient les blagues à connotation sexuelle plus ou moins phallocrates et souvent désobligeantes pour la gens féminine, et détestaient la scatologie, et tout ce qui tournait autour de l'anus, tels les prouts, pets et autres vesses de carnivores, alors que les "cathos"inversaient leur préférence et ne tarissaient pas en matière d'historiettes d'ailleurs fort orientées sur les odeurs en provenance du réseau intestinal. Mais bon, le champ couvert était large et il débordait facilement sur les matières fécales qui ne manquaient pas d'effet auprès de ces braves gens qui ne manquaient jamais de se tordre de rire et encore plus si quelque dame dans l'assemblée affichait un air pincé.
Mais bon, revenons-en au petit singe et au collège Saint Joseph à Beringen. Les gens qui me sont proches savent que j'ai passé, entre l'âge de 11 et 14 ans quelques années difficiles dans cette détestable institution d'une religiosité féroce. En fait, alors même que mon brave et ignorant papa estimait qu'il me fallait me frotter au populo local et suivre démocratiquement un enseignement religieux en flamand plutôt que d'être un de ces petits francophones prétentieux et plus ou moins laïque élevé dans je ne sais quelle ville de perdition, Bruxelles ou Liège par exemple. Et il y allait d'un petit couplet sur le bilinguisme précoce, merveilleux outil de développement pour un cerveau devant s'exprimer en français à la maison et en flamand à l'école. Le pauvre, il n'a jamais compris que comme massacre à la tronçonneuse du bagage conceptuel, il n'y a pas mieux. Et d'être étonné quand je lui disais par la suite que cette merveilleuse langue, le flamand, me servait uniquement pour commander la viande chez le boucher. En fait, du point de vue langue et poésie, le résultat fut mauvais, je n'arrivais plus à maîtriser aucune de ces langues. Et donc, des pans entiers de la poésie m'ont glissé d'entre les doigts et toute ma vie, je l'ai passé à essayé de récupérer ces morceaux d'univers que -bien involontairement- l'on m'avait fait glisser hors des mains. Il y a bien ces deux cultures qui me sont restées, ainsi qu'un grand souci du vocabulaire, qui m'est resté. Et donc, je suis devenu quelqu'un qui n'est ni à l'aise, ni accepté par aucune de ces deux communautés, et qui s'est marginalisé, nihil volens. Après tant d'années, j'y vois enfin du profit, et je peux remercier mon père pour des raisons totalement opposées à son noble dessein. Je suis un marginal, un drop out qui peut reconquérir des mondes perdus et justement se plonger du matin au soir dans les arts plastiques, dans la création actuelle, dans l'art actuel, tous domaines qui étaient abominés par mon milieu d'origine. Dois-je vous raconter les voyages en voiture, les programmes radio de musique contemporaine qu'on coupait brutalement en s'esclaffant bruyamment?
Donc, me voilà débarqué à la fin des années 50, juste après l'exposition universelle de 1958 à Bruxelles- après avoir été chouchouté et dorloté pendant 5 années, le cycle primaire, dans une école privée francophone dont l'effectif culminait à 6 élèves, merci mademoiselle Maufort, alias Crottebolle, brave Picarde d'un catholicisme plus généreux qu'il n'y paraissait. Pourtant, je n'étais, déjà, pas trop commode et j'ai passé quelques semaines au coin avec des recommandations diverses dont une qui résonne encore : "Jooosé, il faut châtier votre langage".
Puis le collège , c'est l'horreur, le flamand, les culs terreux, les nouveaux bourgeois, 2 ou 3 curés pédophiles en pleine activité, avec petit mignon et tout et tout.
Et tout ce petit monde se la joue bien convenable, élitaire à la petite semaine et, ma foi, l'on ne compte finalement que quelques troufignons de gosse mis à contribution, ça n'est pas Sodome et Gomorrhe pour autant.
Bien des années plus tard, j'ai tantôt 60 ans, je crois pouvoir raconter tout ceci publiquement, et même sombrer dans l'anecdote navrante, alors que - à l'époque et pendant longtemps- je n'arrivais à en parler à personne. Donc, dans ce collège cauchemardesque, je suis devenu un révolté, je n'ai pas chercher à alarmer mon père ou qui que ce soit, j'ai fait face tout seul du haut de mes 12 ans et j'ai fait un barouf d'enfer, provoquant chahuts sur chahuts, écopant de retenues dominicales dignes du Guinness Book, me faisant rosser par l'un ou l'autre prêtre excédé, mais je n'ai pas lâché prise, jusqu'à ce que mon père ne soit convoqué dans le bureau du directeur. Las, ce fût très certainement un morceau de bravoure sémantique digne des plus grosses inversions de sens de l'histoire pédagogique, pas trop loin de "Arbeit macht Frei".
Bref mon pauvre papa, néanmoins petit notable local, eût droit à un petit discours circonstancié pour s'entendre dire que l'institution n'avait pas voulu me renvoyer pour éviter un déshonneur à la famille, mais que l'année scolaire étant écoulée, mon père devait trouver une autre solution pour la prochaine rentrée, puisque j'étais persona non grata. Et, là ne riez pas, il y avait une raison officielles, majeure, technique et irréfutable pour laquelle il ne pouvait plus être question que je revienne à la prochaine rentrée. En collectionnant les retenues, punitions, châtiments corporels et autres engueulades plus ou moins bien enlevées, en m'en foutant ouvertement comme de colin tampon, provoquant même le rire collectif des élèves réunis solennellement chaque semaine pour entendre les châtiments tombés sur les plus cancres d'entre eux, les rires m'étaient destinés moi qui était un abonné chronique aux retenues les plus lourdes, bref, je discréditais tout le système discipline, menaçait donc la sacro-sainte discipline et tout l'édifice pédagogique. J'étais devenu une menace vivante pour la pyramide disciplinaire du collège. Donc, malgré tout le respect du à mon père, il n'était plus question que cette petite guérilla disciplinaire ne se poursuive. Plus tard, mon père devait découvrir que j'étais devenu tricard dans tout le réseau des écoles catholiques et il dut bien se résigner à m'envoyer chez les libres-penseurs, mais ceci est un autre histoire.
Retenons simplement que je m'étais construit un système de défense qui valait ce qu'il valait, devenir tellement effrayant en matière de "noise power" qu'il était évident que quiconque songerait, ne fût-ce qu'un instant, à me toucher se verrait exposer à un déchaînement sans nom. Piètre système de défense, certes puisque jamais, je n'ai averti les autorités compétentes, ni familiale, ni fraternelle. J'ai appliqué, avant la lettre, le précepte maoïste: " Camarades, il faut compter sur notre force". Donc, ni recours à la justice bourgeoise, ni constitution d'alliances etc...
Tout cela m'a suivi durant toute ma vie, et à présent que même sur la scène artistique je suis de plus en plus isolé (ce serait inexact de soutenir que je naviguais de succès en succès, mais enfin, l'un ou l'autre mécène, l'un ou l'autre marchand me faisaient la grâce d'y aller de leurs deniers pour encourager mon travail), je vais donc consacré quelques pièces à des éléments autobiographiques consacrés à ma "petite" histoire. C'est étrange que je puisse à présent concilier un travail typé comme abstrait depuis des lustres où le conceptuel le dispute à l'abstraction la plus construite, avec de significatives incursion dans le lyrisme et la matière, certes, mais jamais au grand jamais, d'efforts significatifs pour représenter la Chose, ni pour faire de la représentation plastique. En y réfléchissant, j'ai fermé le livre de la représentation il y a tantôt quarante ans sur une série de dessins intimes, eux-mêmes précédé d'une petite peinture sur verre représentant un énorme fauteuil vert, vide, et deux silhouettes féminines, nues, debout, sans visage, entourant le fauteuil de part et d'autre, qui le bras droit, qui le bras gauche posé sur le dossier. Et naguère j'ai commis des travaux digitaux, sporadiques, que je cite pour mémoire. Un montage sur le visage de ma fille Morgane intitulé "You can't divorce from your children, can't you?", puis des photos sous-titrées dont l’Homme qui pleure, The Ego in the Frigo et enfin "J'ai retrouvé la trace de Dotremont", des scories d'un séjour en Suède et d'un périple en Laponie entre novembre 2005 et août 2006. Ah oui, il existe aussi un petit montage de 4 photos jamais diffusées présentant des visages de femmes pendant l'orgasme, ou juste après, montage intitulé"Vous avez dit tendresse". Bref, par rapport aux centaines de peinture, frottages, collages, et autres travaux abstraits, la représentation et le "film à thèse", ça n'était pas vraiment mon truc.
Qu'à cela ne tienne, puisque aujourd’hui, il me semble que le temps de l'anecdote et de la représentation est venu, allons-y. Assez curieusement, il semble que le genre "ouvrage à thèse" soit arriver également, puisque certaine série que je prépare, je pense en particulier aux Emplafonnements", sont manifestement des illustrations de démarches proches des sciences cognitives, à savoir la découverte de nouveaux champs d'investigation visuels pour le cerveau, démarche ultra simple, organisée sur des zones banales, les coins, recoins, angles de pièce etc… dans ce qu'elles peuvent illustrer l'organisation systématique du balayage du regard, et partant de la conceptualisation, du cerveau, de nos cerveaux, à propos de l'espace. A l'inverse, et c'est le propos, on peut déranger les routines cognitives et situer l'intérêt, le diriger donc, vers des zones inexplorées ou relativement inexplorées. Un grand discours pour trois fois rien, mais au moins, il me libère tout autant que ces bribes du passé que je n'avais pas digérer.
Pour en revenir aux curetons pédophiles, j'ai rencontré 30 ans après, un autre pensionnaire qui s'est trouvé confronter à la même problématique et je lui ai donc demandé comment lui s'était protégé? C'est donc le seul témoignage d'adulte que j'ai recueilli et je ne sais rien des séquelles que portent secrètement d'autres hommes adultes, encore moins ce que sont devenus les mignons attitrés, ceux qui sont passés à la casserole, ceux que l'on voyait discrètement filer à l'heure de la récréation pour satisfaire aux demandes pressantes de leur "protecteur".
Et bien, Toon, le courageux Toon, semble avoir été sélectionné et pressenti pour devenir un mignon attitré et il avait été invité à rejoindre la chambrée d'un de ces braves curés au prétexte d'y parcourir la bibliothèque du sinistre individu. Vous me direz quel drôle d'appât que voilà! Soit, voilà notre Toon qui se retrouve sur le lit de son bonhomme, qui, sans plus tarder, se met en tête de l'embrasser. Ni une, ni deux, Toon de s'enfuir et de se précipiter chez le directeur de l'école, la plus haute autorité du lieu. Une démarche bien différente de la mienne, mais au moins aussi stérile. Là où j'ai développé une espèce de méfiance et allergie fondamentales envers toute autorité, toute forme d'injonction et de prescription, me basant sur l'idée que ce sont le cul et l'écu qui font tourner le monde, et que tout expert, tout mandataire n'a d'autre souci que d'installer et préserver sa position pour accéder facilement au cul ou à l'écu ( jusqu'y compris les acteurs du marché de l'art, critiques y compris), et bien le courageux petit bonhomme de Toon a demandé l'intervention de l'autorité compétente, cherchant réparation.
Devinez ce qu'il advient, il eut droit à un petit exposé dopé à la componction et à l'hypocrisie dont la substance était qu'il fallait comprendre que Toon avait raison de manifester son malaise, bien entendu, mais que ce n'était pas souhaitable d'alerter l'évêché pour si peu, et donc qu'il fallait laisser au directeur le soin de régler ces choses en interne. Merci mon petit Toon, tu peux disposer. Je n'irais pas jusqu'à dire que l'activité sexuelle et pédophile de nos curés en ait été décuplée, mais je crois pouvoir affirmer qu'elle ne s'est en rien atténuée.
Même si je n'avais pas vraiment de quoi mesurer l'évolution des choses, quand je suis arrivé dans le baisodrôme religieux, après l'incident rapporté par Toon, il était clair que tout cela continuait au vu et au su de tout le monde. Et Toon et moi quelles séquelles, puisque nous avons eu la chance de ne pas passer à la casserole. Et bien Toon, a connu quelque chose comme 500 aventures féminines, avant, la cinquantaine venue, de se trouver une aimable épouse, de lui faire des enfants, somme toute après avoir pris le temps d'affirmer incontestablement sa virilité hétérosexuelle. Quant à moi, je suis devenu plus ou moins asocial, naviguant autour et alentour de l'anarchisme, plutôt tendance Groucho. J'ai tout de même participé cagoulé à quelques émeutes et même affiché publiquement quelque soutien à la Rote Armee Fraktion, alias la bande à Baader. On trouvera d'ailleurs dans les "Fragments Limbourgeois" d'autres traces visibles, une sorte de réarrangement du passé, du temps, dans les années 70 où la sûreté de l'état, en fait les Brigades Spéciales de Recherches interrogeaient mon père sur mes activités insurrectionnelles autour et alentour des grèves des mineurs limbourgeois. A l'époque, l'un des slogans étaient "De Generale moet kapot" et visaient donc le pilier conservateur du monde financier belge, enfin, je ne sache pas qu'il y ait jamais eu un pôle financier progressiste, mais, disons, que la Générale de Banque, héritière de l'Orangisme et portée aussi bien par l'establishment belge que par la famille royale, pouvait être considérée comme un acteur ultraconservateur d'une Belgique elle-même confinée jusqu'au suicidaire, ignorante même de ce que pouvait bien signifier une notion telle celle d'ascenseur social. Il va sans dire qu'aucune grève ni mouvement social quelconque n'a eu raison de la Générale, Après une tentative de Benedetti et de son compère le cuistre Alain Minc, la Générale n'a même pas vraiment implosé, non, elle n'a pas atteint ce stade de décrépitude capitalistique, même pas. Elle est "morte" plus tôt puisque plombée par un management limite débile elle devint une proie facile pour le capitalisme français, Suez oblige.
Bref, je fus un révolté, mais un petit Jules Vallès d'un petit pays que j'ai fini par fuir en demandant l'asile esthétique dans un grand pays voisin, un peu moins vérolé, un peu moins vermoulu, quoique.
Et, voici venu le temps de dire les choses, de les représenter, de façon explicite, puisque j'en viens à croiser l'écrit, la langue et l'image. Après avoir hésité tant et plus sur la pertinence de la chose. Après avoir cherché un chemin dans l'écriture, puis dans les arts plastiques, me voilà à croiser les genres, à l'heure où l'Allemagne s'interroge de savoir s'il faut libérer et donc pardonner aux deux derniers membres de la RAF encore emprisonnés, alors que ni Kristian Klaar, ni Brigitte Margret Ida Mohnhaupt n'ont jamais manifesté le moindre remords, vous vous rendez compte.
Ouf, je n'ai pas pris les armes, juste quelques pavés, juste quelques coups de gueule et de plumes pour dénoncer les cornichons qui, sans quitter leur bocal, se sont transformés en tomates.
Adoncques, voici venir le temps des petits singes en peluche, un rien dérisoires, un rien obsolètes, bien loin de la lutte armée.
Encore un mot et une anecdote sur les circonstances de la trouvaille du singe. C'était une sombre nuit dans le Schleswig-Holstein, dans un bois à la lisière de Bad- Schwartau, petite ville collée à Lübeck, voui, voui, voui, nous sommes en terre hanséatique, la chère Baltique est là et l'ombre de Thomas Mann plane sur le décor. Là donc, ma compagne et moi-même avions roulé pendant 30 heures d'affilée pour faire un aller retour Amiens -Malmö et vider mon atelier suédois. Bref, au retour, une fois en Allemagne, nous avons cherché un hôtel, et, après 5 tentatives, nous avons trouvé notre bonheur dans un Waldhotel absolument convaincant qui, comme son nom l'indique, se trouvait à la lisière d'une forêt. Et là, au bord du chemin d'accès, dans les buissons, une forme blanchâtre surgit dans le rayon des phares. Une poupée ou peluche, ours ou singe, je pense tout de suite à une forme intimiste de land art. Dès le lendemain, le jour venu, je pars en quête du mystérieux objet, alors que ma compagne me recommande bien de ne pas y attacher et de respecter l'état des choses qu'elles soient fortuites et accidentelles ou non. Bon, je ne sais toujours pas s'il y avait la moindre intentionnalité -aïe le jargon des science cognitives qui revient - mais toujours est-il qu'un singe jaune aux petites bottes enfantines était là, accroché de dos, légèrement incliné vers la gauche de façon à présenter une partie de son visage. J'avais trouvé quelque chose pour illustrer de façon générale ce que peut être la misère sexuelle d'un enfant. Donc, passant outre une fois de plus aux recommandations de ma compagne, j'ai décroché le singe et il est à présent suspendu dans mon atelier, tel qu'on le voit de face sur l'une des photos. Bien sûr, il est sympa de face, et, malheureusement, je n'ai droit qu'à une version. Ne connaissant pas le fabricant de ces peluches tellement appropriées, je dois renoncer à en faire une ou plusieurs séries. Et comme l'idée d'un moulage me répugne, il reste alors à fixer une mise en scène unique. Je me propose de "crucifier" le petit singe de dos, légèrement de biais pour dévoiler une partie de la face et d'organiser ce biaisage par le recours à quatre support de bois de profondeur inégales qui fixés a hauteur des bottes et des mains serait transpercés par de grosses vis tire-fonds à tête carrée. Je n'aurai pas l'imbécillité de représenter des gouttes de sang. Non le dispositif sera arrimé sur une planche blanche elle-même sertie dans un cadre blanc, ressortant un tant soit peu pour faire boîte. Je peindrai le tout en blanc, y compris la peluche, sauf les bottines/chaussons qui resteront dans l'état. Et cela se fera à la brosse, le pistolet étant trop compliqué à manier, surtout s'il convient d'essayer d'abord de préserver l'état des bottes puisque aussi bien, je me méfie de la friskette et des "déchirures" qu'elle organise aux marges.
Et pour finir, ayez une petite pensée pour les camarades Brigitte et Kristian, deux braves coureurs égarés dans la course cycliste la plus débile qui soit, le Tour du Monde de la mystique prolétarienne et révolutionnaire, juste une peu de bio pour votre info et pour mémoire, sorry, c'est en Allemand, ach, l'Allemagne, couplet bien connu, la Kultur et l'inculture.
Brigitte
geb. 24. Juni 1949
Vater: Kaufmann
1960 Bei der Scheidung der Eltern bleibt Mohnhaupt bei der Mutter
1967 Abitur in Bruchsal
1967 Immatrikulation an der Philosophischen Fakultät der Universität München
1971 Gang in den Untergrund
Maßgeblich beteiligt an Aufbau der RAF Logistik, Waffenbeschafung usw.
9. Juni 1972 Verhaftung in Berlin
8. Februar 1977 Entlassung aus dem Gefängnis - Erneuter Gang in den Untergrund
Beteiligung an der " Offensive 77" (Morde an Bubak, Ponto, Schleyer...)
Mai 1978 zusammen mit Sieglinde Hofmann und Rolf Clemens Wagner in Jugoslawien verhaftet
Freillasung nach nach 6 Monaten
15. September 1981 Beteiligung am Attentat auf US-General Kroesen
11. November 1982 verhaftet und wegen aller RAF-Aktionen des Jahres 1977 und wegen des Angriffs auf den Nato-General F. Kroesen zu 5mal lebenslänglich verurteilt
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